Les fonctionnaires sont redescendus hier dans la rue. Un succès mitigé pour cette manifestation qui remet sur la table le sujet des effectifs et de la rémunération. En Europe, la France n’est pas sur-administrée et les agents y gagnent moyennement leur vie. Mais ils sont bien plus nombreux qu’ailleurs à bénéficier d’un statut protecteur.
Pléthoriques, les fonctionnaires en France ? Ils sont près de 5,3 millions d’agents de la fonction publique, c’est à dire des gens qui sont rémunérés in fine sur le budget de l’Etat ou des collectivités territoriales. Sur la population totale, cela représente un ratio de 88 pour 1000.
C’est nettement moins que dans les pays scandinaves où ce ratio va de 115 en Finlande à 145 en Suède. C’est en revanche sensiblement plus qu’en Italie, en Espagne ou au Pays-Bas – où l’on est autour de 60/1000 – et beaucoup plus qu’en Allemagne où les fonctionnaires ne représentent que 55/1000 de la population.
Restent deux pays comparables à la France en termes d’effectifs d’agents publics: la Belgique et, de manière moins attendue, le Royaume-Uni.
Agents publics et personnels à statut
Mais précisons que cette masse d’agents publics ne recouvre pas les mêmes réalités. En France, 80% des agents publics sont des personnels que l’on appelle « à statut », c’est à dire qu’ils bénéficient du statut de la fonction publique, sont soumis au droit public et non au code du travail, sont inamovibles et que leur rémunération est déterminée par une grille indiciaire.
En Grande Bretagne, ces fonctionnaires au sens propre sont moins de 500.000 (4 millions en France), les autres agents publics étant des contractuels relevant du droit privé. C’est une différence très importante que l’on retrouve partout en Europe: les fonctionnaires à statuts ne constituent que 30% des agents publics en Allemagne, 15% en Italie, 10% en Suède.
Bref, la France n’est pas sur-administrée, mais elle compte un bien plus grand nombre de personnes protégées travaillant pour l’État.
Garantie d’emploi ?
Même pour les fonctionnaires à statuts – peu nombreux, on l’a vu, sauf en France -, la garantie d’emploi ou l’emploi à vie n’est en vigueur que dans un certain nombre de pays. Absolue en France, cette garantie est également appliquée en Allemagne, en Espagne, au Portugal et en Grèce.
En revanche, elle n’existe pas au Royaume-Uni, dans les pays scandinaves, aux Pays-Bas, en Italie ou en Belgique. Précisons cependant que, même dans ces pays, il est plutôt rare que les fonctionnaires soient remerciés…
Enseignement et santé
Sauf dans deux pays, la Suède et le Danemark, où les agents publics en charge de la protection sociale dépassent 25% des effectifs totaux, partout sur le continent, deux grands secteurs d’activité constituent les gros bataillons de l’emploi public : ce sont l’enseignement et la santé.
L’enseignement domine en France, de même qu’en Allemagne, Belgique ou Pays-Bas; la santé domine au Royaume-uni et en Irlande. En Italie et Espagne, les deux secteurs sont équivalents.
Quant aux services généraux, qui hébergent ceux que l’on stigmatise parfois comme des « ronds de cuirs », ils sont assez importants en termes d’emplois (autour de 2% de l’emploi total du pays) en France, de même qu’en Belgique, Autriche et Finlande.
Rémunération: moyenne en France …
En la matière, les comparaisons sont délicates car, on l’a vu, les catégories d’agents publics varient beaucoup selon les pays. Les données de l’OCDE compilées par le Centre d’Analyse Stratégique nous permettent de regarder le niveau moyen de rémunération par emploi public.
Par an, en dollar constant et en parité de pouvoir d’achat, les pays les mieux lotis, ceux où la rémunération est comprise entre 48.000 et 60.000 dollars annuels, sont l’Irlande, les Pays-Bas, la Belgique et l’Italie.
A l’inverse, les fonctionnaires les moins payés se trouvent en Scandinavie, autour de 33/34.000 dollars. La France et l’Allemagne sont dans une position intermédiaire, un peu en dessous de 40.000 dollars.
Bien sûr, beaucoup de salaires de fonctionnaires ont été diminués récemment. La baisse va de 20 à 40% en Grèce où, il est vrai, les fonctionnaires étaient bien payés, elle a été de 20% au Portugal, de 12% en Espagne tandis que les salaires publics ont été gelés en Italie et au Royaume Uni.
En revanche, les fonctionnaires allemands ont obtenu l’an dernier une revalorisation de plus de 6% sur deux ans. Quant aux agents français, ils n’ont en moyenne obtenu ces dernières années qu’une réévaluation inférieure à l’inflation.
… sauf dans l’enseignement où les prof sont mal payés
Donc, à première vue, les fonctionnaires français semblent ne pas trop mal s’en tirer au niveau des salaires. En moyenne, c’est vrai, mais ça ne l’est pas pour les agents publics les plus nombreux en France, les enseignants.
D’après l’OCDE (voir le tableau de bord du CAS), en dollar constant et à parité de pouvoir d’achat, le salaire statutaire annuel des enseignants du secondaire ayant plus de 15 ans d’expérience dépasse 60.000 dollars en Allemagne et aux Pays-Bas.
Il tourne autour de 45/50.000 dollars au Royaume-Uni, en Espagne ou en Belgique mais ne dépasse pas 35.000 dollars en Italie, en Suède et en France. Indiscutablement, les prof français ont de bonnes raisons de se plaindre…
via : myeurop.info